Deux poèmes
Extraits de La vie navigable
Vent d’étoile
Comme on entend battre la mer dans les coquillages
et un vent si lointain nous parler à l’oreille,
dans le poème habite un mensonge,
l’artifice secret
verbal de la mémoire, autre vent lointain
qui ne sait s’il existe dans la chambre obscure
ou dans la spirale du vide
où se calcifie l’ange de l’absence
où se calcifie l’ange de l’absence
ou s’il vient de l’étoile fugace du cœur.
Viento de estrella
Como en las caracolas se oye el latir del mar
y un viento lejanísimo nos habla en el oído,
en el poema habita una simulación,
el secreto artificio
verbal de la memoria, otro viento lejano
que no sabe si existe en la cámara oscura
o en la espiral del hueco
donde se calcifica el ángel de la ausencia
o viene de la estrella fugaz del corazón.
MOINE AU BORD DE LA MER
Caspar David Friedrich
Ici tout est fragile, tout est brume d’étonnement
sous le blanc silence de la neige
ou dans l’abîme bleu des falaises.
Comme un oiseau blessé,
la pluie s’est posée docilement
au bord de la mer.
Sa musique d’ombre silencieuse
descend douce et tiède
sur le sable sans oiseaux.
Elle descend douce et tiède
de ce ciel trouble à la mer trouble sans poissons
et là, elle s’efface,
elle se dissout dans l’eau
d’une autre mer plus profonde sans tremblement ni houle.
Sur la rive précaire, sur une dune légère
je suis un corps dans la pénombre, interrogative
silhouette qui contemple l’horizon incertain,
perplexe face à la mer vide de voiliers.
Et je pense au désordre enneigé de la mort.
MONJE A LA ORILLA DEL MAR
Caspar David Friedrich
Todo es frágil aquí, todo es niebla de asombro
bajo el silencio blanco de la nieve
o en el abismo azul de los acantilados.
Como un pájaro herido,
la lluvia se ha posado mansamente
en la orilla del mar.
Su música de sombra silenciosa
desciende blanda y tibia
a la arena sin pájaros.
Desciende blanda y tibia
desde este cielo turbio al turbio mar sin peces
y allí se desdibuja,
se disuelve en el agua
de otro mar más profundo sin temblor ni oleaje.
En la precaria orilla, sobre una leve duna
soy un cuerpo en penumbra, una interrogativa
silueta que contempla el horizonte incierto,
perplejo frente al mar vacío de veleros.
Y pienso en el desorden nevado de la muerte.
Traduit de l’espagnol par Jeanne Marie
SANTOS DOMÍNGUEZ RAMOS (Cáceres, 1955), poète, professeur de langue et de littérature et critique littéraire espagnol. Auteur d'une trentaine de livres. Reçu de nombreux prix au long de sa carrière, en particulier il XXXVI Prix hispano-américain de poésie Juan Ramón Jiménez (2016). Ses ouvrages ont été traduits en français, anglais, arabe, hongrois, italien, arménien, grec et russe. Il a fait partie de la sélection 25 poètes d'Espagne qui a été publiée en France en 2008 (Inuits dans la jungle).
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