Abdulrahman Almajedi



4 poèmes




LE CHEVAL DU DÉSIR


Dès le premier sourire
tu lâches le mors
laissant des vagues furieuses de sang
dans les artères et ruisseaux
dévaler, remonter

Tes battements augmentent
et tu trembles
à l’idée que dans un duel mortel
tu  t’abandonnes entre des mains douces

Ivre
absent
ton rêve évanoui
hypothèque les jours
tandis que la cloche de la séparation bourdonne déjà dans ta tête

Tu reviens soucieux
les rideaux noirs sont tombés sur la scène de ta vie
et près de toi
gît un mors abandonné.



حصان الرغبة

بأول بسمة
تسلم لجامك،
تاركاً أمواج الدم تحتدم
في سواقي أبهرك
صعوداً ونزولاً،
يزدادُ خفقانك،
فتصابُ بالرعدة،
كأنكَ موشك على نزال فاتك.
ها أنتَ مقادٌ،
متروكٌ بين أيدٍ ناعمةٍ،
سكرانٌ،
غائبٌ،
مغشيٌ على حلمكَ،
رهينُ محبس الأيام.
حين يرنُّ في رأسك
ناقوسُ الفراقِ.
تعودُ،
مهموماً،
مسدلاً على مسرح حياتك
ستائر مدلهمة،
وبجنبك مكوم اللجام.









AINSI PARLAIT LE CIEL


Hier il tombait des chiens
Aujourd’hui il tombe des ânes
Demain, dit la prophétie, il pleuvra des loups
Malheur à moi après-demain
car selon la prophétie, il pleuvra des hommes

Et mon ciel hurlait en regardant la pluie s’abattre sur la terre


 هكذا تحدثت السماء

البارحة أمطرت كلاباً،
واليوم تمطرٌ حميراً،
وغداً، تقول النبوءات، ستمطرُ ذئاباً.
الويل لي من بعد غد؛
ستمطر، وفق النبوءات، بشراً.
كان ذلك عويلَ السماء الناظرة لمطر الأرض عليها.





MANTEAU


Ce vieillard affectueux
est l’aïeul de notre père
Notre insouciance lui rappelle sa jeunesse
et lui fait couler des larmes
mais il prétend que ce ne sont que des perles de pluie.


معطف

عجوزٌ عطوف،
جدّنا لأبينا.
طيشُنا يذكّره بشبابه،
فيبكي،
ثم يدّعي انها حبّاتُ المطر.





CIMETIÈRE

Sur la terrasse de notre maison à Bagdad, j’ai trouvé un cimetière
où demeurent
mon père
ma mère
et mes frères

Ils m’ont installé à leur place
puis ils sont partis

Mon père dissimule ses erreurs avec une béquille
Ma mère pleure ses enfants morts
Mes sœurs vérifient leur féminité chaque matin
Mes frères se reproduisent à l’identique

Il ne reste que moi, cette imbécilité avec sa canne
ses larmes sur les morts
une vieille fille recroquevillée
des enfants qui s’enchaînent
et une prophétie en panne.


مقبرة

على سطح ِ بيتنا ببغدادَ وجدنا مقبرة؛
سكّانها :
أبي
وأمي
أخوتي
وأنا.

أسكنونا مكانهم
وغادروا؛
أبي يداري أخطاءَه بعكّاز.
أمي تبكي أبناءها الميتين.
أخواتي يتفقدن أنوثتهن كلّ صباح ٍ.
أخواني أبناءٌ مكررون.
وأنا :

حماقة بعكازٍ،
دموعٌ على الميتين ،
عنوسة ٌ رابضة،
أبناءٌ مكررون،
ونبوءة ٌ عاطلة.



Traduits de l’arabe (Irak) par Salah Al Hamdani 
en collaboration avec Isabelle Lagny. 



ABDULRAHMAN ALMAJEDI, né à Bagdad en 1965, il a étudié la littérature russe. Il a travaillé comme traducteur à l'Institution culturelle pour enfants jusqu'en 1992. Il a été journaliste et rédacteur culturel pour plusieurs journaux irakiens. Il est l'auteur, entre autres textes et traductions, de trois recueils de poésie en arabe. Sa poésie a été traduite en plusieurs langues. 

Abdulrahman Almajedi Abdulrahman Almajedi Reviewed by La Rédaction on samedi, mai 09, 2020 Rating: 5

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